Le 4 octobre restera une date importante pour notre passeport qui se sera fait tamponner 6 fois en l’espace d’une journée.
C’est dur à concevoir et pourtant … En effet, nous quittons le Zululand et Santa Lucia et décidons de rejoindre « directement » Maputo, seulement la route la plus directe n’est accessible qu’en 4X4. Aussi nous nous retrouvons dans l‘obligation de traverser le Swaziland de tout son long (afsud-swaziland-afsud-mozambique).
Nous avons décidé de squizzer le Swaziland, monarchie absolue ravagée par le sida (près de 40% des adultes sont séropositifs ce qui le place en première position de ce triste classement) afin d’avoir plus de temps à consacrer au Sud du Mozambique d’autant que certaines rencontres nous ont fait savoir que le Kwazulu Natal et Mpumalanga (régions d’Afrique du Sud) avaient plus d’intérêt (pas de regret, mais alors vraiment pas).
La première frontière semble durer une éternité et l’absence de quelconque organisation laisse présager une journée interminable. A peine entrés au Swaziland, barrage de police, la vignette de notre véhicule de location est expirée (merci Sixt), je m’apprête à sortir le portefeuille mais le policier sur lequel nous tombons est compréhensible, honnête, courtois (comme quoi tout est possible) et nous met même en garde sur le Mozambique où la corruption bat son plein.
Nous étions déjà avertis de ce fait là (un ami s’était fait arrêter 9 fois en 300 km et avait craché un max de bakchiches) mais là, ils ont en plus une excuse toute trouvée pour nous faire cracher.
Pas de temps à perdre, ni le temps de gamberger (on a vraiment envie d’y aller), nous continuons de tracer la route au jusqu’au Nord du Swaziland pour retraverser la frontière vers l’Afrique du Sud (et de 4 tampons) sous un cañar insupportable.
C’est très fatigués que nous arrivons à la frontière sudafricomozambicaine, ville à elle toute seule où aucune règle ne semble régir quoi que ce soit. Ici, c’est chacun pour sa peau (trente queues partent dans tous les sens pleines de gens qui ne semblent pas savoir s’ils sont au bon endroit ou non), aussi nous décidons de mettre un terme très rapidement à cette mascarade. Anne-genrejecomprendsrien coupe les queues avec maestria pendant que je m‘occupe de la registration du véhicule et de l’assurance tiers (merci à un mozambicain qui m’a pris sous son aile et qui ne m’a pas lâché). Anne-satisfaite revient avec les passeports tamponnés alors que tout est en règle pour la caisse, nous quittons cet enfer (et pourtant j’aime bien le bordel) dans un temps record (j’ai encore en tête l’image des gens perdus avec leur passeport qui semblent être là depuis des heures, mais bon il nous restait encore de la route jusqu’à Maputo).
A l’image de la frontière, la différence avec l’Afrique du Sud est flagrante et l’arrivée à Maputo dépaysante (c’est le moins qu’on puisse dire).
Après 10 heures de route et trois frontières, la sieste semblait s’imposer mais nous nous faisons alpaguer par un néerlandais et un swazi rencontrés à l’auberge pour les accompagner au marché de poissons. Capitale des crevettes et de la poiscaille de toute sorte, nous n’arrivons pas à refuser d’autant que c’est jour férié là-bas et que la ville semble être en ébullition. Magique.
Le marché est un enchantement et après une négo acharnée sur les kilos de crevettes (5 euros le kilo de très très grosses crevettes), de calamars et de poissons, nous les emportons dans des bouibouis qui nous les cuisinent sur le tas le tout dans une ambiance festive. Un régal.
Je ne sais pas si c’est le portugais qui fait ça, mais ça chante, ça danse dans tous les sens et (parents s’abstenir) je ne sais comment, nous nous retrouvons à l’arrière d’un pick-up de mozambicaines à arpenter les rues de la ville au rythme de la musique qui bat son plein et des gens qui dansent partout dans la rue. Saisissant !!!
Autant le bordel de la frontière était désagréable mais celui-ci est grisant. Nous nous coucherons lessivés à 3h du matin mais impatients de nous lever et découvrir ce qui semble être une toute autre Afrique.